Actualité du journalisme
Pourquoi des Etats généraux pour les jeunes journalistes ?
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Pourquoi des États généraux pour les jeunes journalistes ?
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Pourquoi des États généraux pour les jeunes journalistes ?
Les 3 et 4 octobre dernier, toute la profession des journalistes s’est réunie pour les États généraux. Du jamais vu jusque là. Qu’est-ce qui les a poussé à cette réunion ?
Dans cet article...
Plan France relance : au début des États généraux
Il faut remonter au printemps 2022 pour comprendre l’origine des États généraux de la formation et de l’insertion des jeunes journalistes. Le constat est fait que la crise sanitaire a impacté les médias et les journalistes : désinformation, bulle informationnelle, défiance envers les médias dits “traditionnels”… Le ministère de la Culture a donc souhaité intervenir. Dans le cadre du plan France Relance, 450 000 euros ont été débloqués – soit 1% consacré aux journalistes.
Face à cette opportunité, la Conférence des écoles de journalisme a voulu lancer les États généraux. C’est un format inédit puisqu’il réunit tous les acteurs de la profession, des étudiants aux directeurs des médias, en passant par les organisations professionnelles, les enseignants chercheurs et les journalistes eux-même.
Le but était de réfléchir aux axes d’amélioration pour la formation et l’insertion des jeunes journalistes face aux mutations de la société. Cette réflexion s’est faite sous plusieurs formes :
👉 Des enquêtes et sondages pour établir un diagnostique.
👉 Des expérimentations au sein des écoles
👉 Des séminaires en amont de l’événement pour préparer la réflexion sur les différents thèmes
👉 Les États généraux eux-même, où 36 propositions sont ressorties
La CEJ, par son rôle de représentant des 14 écoles reconnues par la profession, a voulu placer les étudiants de ces cursus au cœur du processus.
Le séminaire d'avril
Début avril, 37 étudiants issus des 14 écoles se sont donc réunis à Paris, pendant un week-end, pour discuter des améliorations à effectuer dans la formation et l’insertion des jeunes journalistes.
Rapidement, des propositions sont ressorties, parmi lesquelles :
La mise en place d’une plateforme où les informations seraient centralisées et où on pourrait proposer d’héberger un étudiant d’une autre école lors d’un stage par exemple.
Création d’une carte de presse pour les étudiants des écoles reconnues
Création d’un comité de représentation des étudiants
Renforcement du règlement des bourses (alternants ou non, remboursement des frais de transports…)
Généralisation de l’alternance à toutes les écoles
Renforcement des cours sur la pige, notamment au niveau des droits
Ceci est bien sûr une liste non-exhaustive des propositions qu’il y a pu avoir lors de ce séminaire. En plus de discuter de leur avenir, c’était la première fois que les étudiants des 14 écoles se réunissait ainsi (le TFIEJ, tournois de foot inter école, n’étant pas le moment le plus propice pour parler journalisme ). Le constat a été unanime : constater que les problématiques rencontrées n’étaient pas propres à chacun, mais communes, a eu un effet cathartique sur les étudiants.
A la suite de ce week-end, 12 thématiques ont été choisies, reprenant tous les thèmes et propositions abordées par les 37 étudiants. Ces 12 thématiques seront celles ensuite des Etats généraux. Ce séminaire a donc été une base pour les 3 et 4 octobre.
Les États généraux : le final
Pour rappel, les Etats généraux de la formation et de l’insertion des jeunes journalistes avaient pour but de faire émerger des axes de travail et des propositions pour améliorer la qualité de l’information et de travail des journalistes, face à un monde en pleine mutation.
Ils se sont déroulés en deux temps.
D’abord le 3 octobre
N’étaient présents que les 130 invités par la CEJ, parmi lesquels les 37 étudiants, mais aussi leur directeurs d’école, d’autres jeunes et moins jeunes journalistes, des RH, patrons de presse, enseignants chercheurs en information-communication et les organisations professionnelles (syndicats, collectifs…). Des groupes équilibrés ont ensuite été formés, pour participer à des ateliers.
Il y avait 12 ateliers, un pour chaque thèmes (précarité économique nouveaux mode de consommation de l’information, couverture médiatique du climat, carte de presse…).
Dans chaque atelier, il y avait un expert de la question, qui pouvait donner des chiffres et apporter son éclairage. Chaque groupe a pu discuter une heure pour chaque atelier et faire le constat de ce qui allait… et surtout de ce qui n’allait pas. A la fin de cette heure de discussion, le groupe devait réfléchir à des solutions.
Ce sont ces solutions qui ont finalement abouties à la création des 36 propositions, 3 pour chaque thème. Les autres propositions, jugées moins intéressantes ou moins urgentes, seront tout de même gardées et consignées dans le livre blanc, qui sera remis au ministère de la Culture.
Début des ateliers de travail autour des 12 thématiques #EGFEJJ pic.twitter.com/lnnrpjaQG2
— Conférence des Écoles de Journalisme (@CEJournalisme) October 3, 2022
Puis le 4 octobre
Le 4 octobre était consacré à la restitution : restitution des 36 propositions, certes, mais aussi des différentes enquêtes et chiffres obtenus pour l’occasion.
Ainsi, une enquête de Pluricité, menée sur une cohorte de 1600 étudiants, ceux encore en formation, et ceux sortis il y a un ou deux ans, a été présentée : on y apprend par exemple que les étudiants des écoles reconnues, bien qu’ayant une bonne insertion (86% d’entre eux ont trouvé un emploi dans les 12 mois qui suivent leur diplomation) sont inquiets vis-à-vis de leur condition de travail : 37% seulement déclarent que cela ne les dérangent pas de travailler en heure de nuit, 1/4 touchent le smic ou moins après 4 ans d’exercice.
Des enseignants chercheurs et directeurs d’école ont ensuite présenté leur constat sur l’alternance. A ce jour, seule l’Ecole de journalisme de Grenoble ne propose pas de cursus en alternance. Pourtant, c’est une voie d’apprentissage très prisée par les jeunes journalistes et étudiants depuis quelques années : mais attention aux dérives, comme le pointe l’étude. L’alternance est aussi, pour un média, un moyen d’embaucher à bas coût et cela peut mener à de la pression, du surmenage, voire à des burn-out, conclut l’étude.
Les 36 propositions ont ensuite été présentées. L’événement était retransmis en direct sur Youtube, et chacun pouvait attribuer une note aux propositions présentées via une application.
Globalement les notes n’ont jamais été en dessous de 5/10, avec des notes tournant plutôt autour de 7. La profession est donc plutôt en accord avec ce qui est ressorti des journées de travail du 3 octobre.
Ci-dessous, la liste des propositions.
La ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, est venue assister au dévoilement des propositions et a ensuite discuté avec des étudiants, jeunes journalistes et journalistes : le sujet s’est plus tourné vers les fake news et l’information sur les réseaux sociaux, puisque c’est, comme je l’ai signalé plus haut, le point de départ du lancement des États généraux.
Pourtant, dans les 36 propositions, il est très peu fait mention des nouveaux moyens de consommation de l’information, et pas des fake news. La profession ne considère pas ces sujets comme problématiques : le combat des fake news est en fait le travail des journalistes depuis le début de leur existence. Le problème se trouve plutôt au niveau des moyens.
Les thèmes portés par la relève : égalité des chances, diversité, parité, encadrement de l’alternance, conciliation vie pro-vie perso, management, transparence des accès aux stages, alternances, piges, emplois… Leur maître mot : transparence. @CEJournalisme , #EGFEJJ https://t.co/Ec0BDSV7nD
— Pascale Colisson (@PascaleColisson) October 4, 2022
Maintenant que la profession et les jeunes journalistes se sont mis d’accord sur ces 36 propositions, un groupe de travail sera chargé de leur réalisation. Un bilan est prévu en mars 2023 pour voir ce qui aura été fait.
Les États généraux de la formation et de l’insertion des jeunes journalistes se sont terminés sur une note d’espoir puisque l’une des propositions va déjà voir le jour : il s’agit d’un guide de la pige, fait par les organisations syndicales et professionnelles, qui sera distribué à tous les étudiants des 14 cursus reconnus lors de leur formation. Les syndicats et le collectif Profession pigistes ont en effet proposé de rédiger ce fascicule.
A noter que les mesures profiteront surtout aux étudiants des 14 cursus reconnus, les États généraux ayant été organisés par la CEJ. Il a d’ailleurs été question du statut des autres écoles, et d’une ouverture au dialogue, car si ces écoles ne sont pas reconnues, les étudiants qui en sortent rencontrent également ces mêmes problématiques, voire parfois les nourrissent en acceptant des contrats illégaux sans le savoir par exemple, ou tout simplement parce qu’il y a plus d’étudiants qui sortent des écoles que de places disponibles.